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Intelligence artificielle et achats publics en France : entre ambitions souveraines et réalité des plateformes

Intelligence Artificielle Et Achats Publics En France Entre Ambitions Souveraines Et Réalité Des Plateformes

Le contexte et les ambitions de souveraineté

Depuis le lancement de la Stratégie nationale pour l’intelligence artificielle, la France affirme sa volonté de rattraper son retard dans les technologies critiques, tout en assurant la maîtrise de ses données publiques. L’objectif est de favoriser une IA de confiance, éthique et souveraine, intégrée aux services publics. Cette stratégie s’inscrit dans une ambition plus large de souveraineté numérique, où l’État cherche à s’affranchir des dépendances technologiques vis-à-vis des géants américains. Le cloud de confiance, labellisé par l’ANSSI (Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information) via SecNumCloud, en est un des piliers. En intégrant l’IA dans l’administration, la France espère améliorer la performance publique tout en renforçant l’autonomie stratégique de ses services.

Plateformes publiques : Chorus Pro, PLACE… et l’ambition d’IA

Chorus Pro est aujourd’hui le principal vecteur de dématérialisation des factures à destination des acheteurs publics. Son intégration progressive de briques d’IA vise à fluidifier les contrôles, anticiper les retards de paiement, et détecter les anomalies dans les flux de facturation. La plateforme PLACE, quant à elle, permet la publication et la réception des offres sur les marchés publics. Des projets pilotes y sont en cours pour y expérimenter l’analyse automatique des données achats, la segmentation fournisseurs, ou encore l’identification d’opportunités de mutualisation.

Ces outils s’appuient sur des modèles d’apprentissage supervisé et non supervisé, avec pour ambition de décharger les acheteurs de tâches à faible valeur ajoutée. La DAE pilote plusieurs de ces expérimentations, en lien avec la DINUM (Direction interministérielle du numérique) et l’AIFE (Agence pour l’informatique financiere de l’Etat).

Souveraineté numérique vs. dépendance aux GAFAM

Malgré les discours officiels, les plateformes de l’administration publique reposent encore massivement sur des solutions américaines, notamment Microsoft pour la bureautique, ou AWS pour certaines infrastructures cloud. Le rapport de la commission d’enquête du Sénat en 2024 a pointé les paradoxes d’une commande publique qui préconise des choix souverains tout en renouvelant des contrats avec Microsoft ou Google. Ces pratiques fragilisent l’émergence d’une offre européenne solide. La CNIL (Commission nationale de l’informatique et des libertés) elle-même a dû autoriser l’hébergement de données de santé par Microsoft Azure, faute d’alternatives conformes disponibles, provoquant une vive réaction de plusieurs acteurs français du numérique.

Défis réglementaires et culturels

La commande publique reste contrainte par un cadre juridique rigide qui peine à intégrer les innovations rapides de l’IA. La possibilité d’introduire des critères d’IA ou de souveraineté dans les appels d’offres est encore mal encadrée. La culture administrative, elle, révèle une certaine méfiance vis-à-vis des outils IA. Les acheteurs publics ne sont pas encore suffisamment formés pour juger de leur pertinence, et la crainte d’une perte de contrôle freine les initiatives. Les institutions, comme la CNSP (Centre national de surveillance des pêches), recommandent d’accélérer la formation, de nommer des référents IA, et de garantir la supervision humaine dans tous les processus assistés par l’IA.

Initiatives locales et opportunités

Face aux limites des solutions étrangères, plusieurs entreprises françaises se positionnent pour répondre aux besoins de l’administration : Linagora avec son assistant vocal souverain Lucie, ou encore Eurostack et ses solutions compatibles Gaia-X. L’écosystème bénéficie d’un soutien renforcé depuis la création de l’INESIA (Institut national pour l’évaluation et la sécurité de l’IA), chargé d’évaluer les algorithmes utilisés par les administrations. Des opportunités existent aussi dans les appels à projets du Plan France 2030, qui finance l’IA appliquée à la performance publique. Mais les PME françaises appellent à une simplification des accès à la commande publique.

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La convergence entre souveraineté numérique et efficacité des achats n’est pas encore atteinte. Il reste à opérer un changement culturel, réglementaire et technique pour que l’IA devienne un levier central de transformation de l’achat public en France.

Sources:

https://www.economie.gouv.fr/dae/lia-au-service-des-achats-publics-une-experimentation-lancee-par-la-dae

https://www.achatpublic.info/actualites/editos/2025/05/20/achat-public-souverainete-numerique-microsoft-commande-publique-36237

https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/06/09/l-etat-francais-et-l-europe-doivent-prendre-conscience-des-risques-qu-il-y-a-a-renoncer-a-la-souverainete-economique-sur-les-donnees_6238189_3232.html

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